278 : (JL.1914-1918) pillages, massacres

extrait des mémoires de guerre de Jacques Lemerle, août 1914

La brigade au repos, des cas de pillage se produisent ! Le 365˚ d’infanterie, qui marche avec nous doit fusiller des hommes pris en flagrant délit.. Dans ma Cie 4 hommes sont pris emportant de maison visitées, argenterie et titres!... Le code militaire est formel...
"Au mur!" Je pense que nous avons besoin de tous et répugne à ordonner cette exécution. Ces quatre pillards sont liés avec des chaines de fer trouvées dans une ferme et assis par terre devant le poste de police, une pancarte au cou rappelant leur crime !.. C’est le supplice du pilori... qui se révèle tellement efficace que les prisonniers, abreuvés d’injures par tous leurs camarades me supplient de les faire fusiller!.. Après 48 h. je les fais libérer... Le coup a porté: tous ont approuvé cette entorse au code militaire et le genre de punition et je n’ai plus eu à sévir de ce chef de pillage.

[...]

Ce que je vois est affreux. Les pauvres fantassins du 365˚ tout de rouge vêtus se sont fait massacrer dans les champs qui montent vers St SOUPPLET ! La plaine est couverte de coquelicots sinistres. L’attaque est brisée par les mitrailleuses et je vois défiler sur la route et entrer dans le village de profondes colonnes d’Allemand.
J'envoie messages sur messages au Commandant,demandant des ordres et que nos canons battent la route... Mais rien ne vient, et c’est avec rage que je vois le soir arriver, sans que l’ennemi ait été inquiété...

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Et le jeu commence! Le tir réglé, les 6 canons crachent à pleine gueule pendant quelques minutes, puis des gros noirs arrivent d’en face parsèment notre chaume de trous à la recherche de cette insolente batterie. Je préviens mes sections de se tenir en alerte, car il n’est pas exclu de recevoir une charge de l’infanterie, si proche. 
Rien ne se produit. Par une veine extraordinaire, aucun obus n’est tombé sur mes hommes et j’ai tout juste quelques blessés légers par éclats fauchants. La nuit tombe. Satisfaits, les artilleurs repartent sans casse avec leurs engins et je reste seul plaqué au sol, n’ayant rien à ma droite et rien à ma gauche... Dans la journée, j’avais pu suivre de ma crête dominante, les durs combats des zouaves engagés devant Barey, nouveaux "coquelicots" fauchés par les mitrailleuses. Ils avaient réussi en fin de journée à chasser l’ennemi et je ne voyais plus rien . Silence impressionnant après les fracas de la journée.

[...]

La poursuite de l’ennemi en retraite commence. Le village d’Etrepilly est pris par le Bataillon après une attaque de nuit qui a complètement surpris les Boches, puis c’est la marche sans autres combats vers Soissons, détaillant au passage tout ce que l’adversaire a laissé sur le terrain : armes, équipements, blessés et chose horrible de grands ronds encore fumants où achèvent de se calciner les cadavres de leurs morts et dit—on ... de leurs grands blessés!
Nous voyons aussi pour notre éducation les nombreuses petites tranchées de 3 à 4 hommes si bien dissimulées que de nombreux cadavres des nôtres couchés en avant, jusqu’au bord de ces trous en montrent l’efficacité.

[...]
En approchant de Soissons je demande à un officier de gendarmerie la raison de tous ces coups de feu autour de nous ? "Ce sont les paysans qui font la chasse aux traînards et aux pillards : à chaque coup vous pouvez penser qu’il y a un Boche de moins.." A ce moment précis on présente à cet officier un Feldgrau livide, sale, dépenaillé, sans armes naturellement. On le fouille : une montre en or sort d’une poche. L’officier ouvre le boîtier : "X Soissons". "Un piliard" et sans autre formalité, sortant son gros révolver, il lui fait sauter la cervelle.... Cette execution rapide m’a un peu impressionné! C’est la dure loi de la guerre et les vies ne sont pas chères par ces temps mais cependant, je crois que je n‘aurais pas été capable de ce geste!

[...]





2 commentaires:

visuelepreludes a dit…

dur ! dur !

fcbk a dit…

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